Extrait de Ethique du soin - Une éthique au cœur de la vie, sources philosophiques, pratique et conditions de l’engagement soignant de Philippe Svandra, Seli Arsan, 2009, p. 150

« Il est intéressant de comparer les deux expressions « prendre soin » et « prendre en charge ». Dans la première, il s’agit de ne pas s’arrêter au verbe « prendre », de ne pas considérer que le soignant exerce une domination, une emprise sur le malade ; « prendre soin » renvoie véritablement à l’idée du souci, au sens de Sorge (souci, inquiétude, en allemand) ou de care. La deuxième expression « prendre en charge » interroge davantage : s’agit-il de déposséder le malade de son existence, de le mettre comme entre parenthèse, ou bien de le soulager, avec son accord, à un moment de sa vie d’une charge trop lourde pour lui ? C’est pourquoi nous privilégions, pour notre part, le concept d’agir compassionnel, qui correspond à un mouvement vers l’autre respectueux de sa singularité et de son autonomie. Il s’agit ainsi de ne jamais penser que ma compassion puisse remplacer la perte de liberté du sujet ; elle doit permettre d’accompagner cette liberté, de l’aider simplement à réaliser à son rythme les capacités qu’il désire. Il s’agit en pratique de pouvoir accepter le temps de l’autre. »

Pour aller plus loin :

« L’éclairage sur la sollicitude selon Paul Ricœur pour repenser le soin », Cécile Furstenberg, Recherche en soins infirmiers, N° 145, 2021

« La personne et les éthiques du care », Eric Delassus, Recherche en soins infirmiers, septembre 2017

« Quels temps en soins palliatifs ? Du chronos au kaïros », Alban Villate, Benjamin Lavigne, Stéphane Moreau, Dominique Bordessoulle, Donatien Mallet, Médecine Palliative : Soins de Support - Accompagnement – Éthique, Volume 13, Issue 6, Décembre 2014, Pages 301-306