A l’initiative de cette journée, la toute jeune association des Infirmières de Gironde, qui veut organiser des événements en faveur des infirmières et infirmiers de Gironde, qu’ils soient libéraux ou salariés.

Pour ce premier séminaire, sa présidente, Annie Leforestier, en collaboration avec Cédric Weiss-Brutier, président du CDOI de Gironde, a souhaité aborder le thème de la fin de vie et des soins infirmiers, en proposant un éclairage juridique et éthique.

En introduction, une juriste du CDOI 33 a détaillé les lois encadrant la fin de vie et les soins palliatifs. Elle a aussi abordé les différents chapitres du projet de loi déposé en avril 2024 pour lequel les discussions ont été arrêtées et n’ont pas encore repris. A sa suite, Cédric Weiss-Brutier a rappelé la position de l’Ordre national des Infirmiers diffusée fin 2022 et les trois recommandations formulées : 1) Garantir le droit des patients et l’accès aux soins ; 2) Doter le système de santé français de véritables moyens pour la fin de vie ; 3) Consacrer le rôle infirmier dans la fin de vie.

Puis trois intervenants se sont succédés pour évoquer les enjeux éthiques de la fin de vie et des soins palliatifs.

Le Docteur Etienne Jarrossay, médecin de soins palliatifs à la Maison de Santé Marie Galène, a proposé une relecture des lois des droits des usagers en mettant en exergue des extraits sous-tendant des réflexions éthiques tels que décision du patient, consentement éclairé, procédure collégiale, vulnérabilité, solidarité, obstination déraisonnable, refus de soin… Il a notamment dit de la médecine que c’était une clinique de l’incertitude qui allait de pair avec une éthique de la discussion et de la délibération nécessitant une ouverture et une pluralité des regards, d’égal à égal.

Alexandre Brotz, psychologue à l’Estey Mutualité, a quant à lui exploré différentes questions, invitant le public à la réflexion : « y a-t-il pire que la mort dans la vie ? », « quelle est la place de la liberté dans l’accompagnement d’une personne en fin de vie ? », « jusqu’où peut-on aller par loyauté et engagement en tant que soignant ? ».

Judith Fischer, infirmière et formatrice et titulaire comme le Dr Jarrossay du Master 2 Soin, éthique et santé, a évoqué les contradictions auxquelles doivent faire face les infirmières et infirmiers dans leur pratique auprès d’un patient en fin de vie, en soins palliatifs. Parmi ces contradictions, elle a pointé celle de l’action, demandée par le « cure » et qui peut s’avérer vaine en fin de vie, surtout quand il n’y a plus rien à faire. Elle a aussi parlé de la place du soignant en tant que professionnel face au « profane » que serait un bénévole ou un membre de la famille et du flou qui s’installe en fin de vie. Elle a aussi interrogé le caractère normé des soins palliatifs et en même temps les espaces de nouveauté possibles dans cet accompagnement singulier. Elle a aussi parlé de collégialité, de pluridisciplinarité revendiquée dans le soin face à la réalité du terrain où l’infirmière est souvent seule face à son patient.

L’après-midi a été consacré à des ateliers en groupes plus restreints, autour des lois, des soins de fin de vie ou encore de la charge mentale et émotionnelle des soignants face à des patients en fin de vie.

 

Pour aller plus loin :

Liste des ouvrages cités par les intervenants :

• Le vivable et l'invivable, Judith Butler et Frédéric Worms, Questions de soin, 2021, Presses Universitaires de France
• La mort, Vladimir Jankélévitch, Flammarion
• Mes mille et une nuits, la maladie comme drame et comme comédie, Ruwen Ogien, Albin Michel
• Petit traité de dignité, grandeurs et misères des hommes, Eric Fiat, Larousse
• L'invention du mourant. Violence de la mort pacifiée, Robert William Higgins, article de la Revue Esprit 291, 01/01/2003
• Les écrits de Jérôme Alric sur le deuil

Dossier consacré à la fin de vie et aux soins palliatifs sur le site ERENA Bordeaux >> consulter le dossier