"Sédation douce… une démarche législative inachevée ?", un édito du Professeur Bernard Bioulac, directeur de l'ERENA Bordeaux.
Sédation douce… une démarche législative inachevée ?
Dans le Monde du 25 janvier, Didier Sicard, ancien Président du Comité Consultatif National d’Ethique, déclare : « …Mais quand une personne ne supporte plus sa maladie, qu’on ne peut plus rien faire pour elle, elle a droit de demander un endormissement doux. Pour ma propre mort je demanderai cet endormissement qui peut être une bénédiction… ».
La position de cet éminent médecin est en concordance avec la dernière loi sur la fin de vie dite loi Claeys-Léonetti de 2016. Elle est en cohérence avec la mission que lui avait confiée le Président François Hollande en 2012. La démarche marque une réelle avancée sans aller jusqu’à l’euthanasie active.
Le 28 février, dans une tribune publiée dans le Monde, 156 députés demandent qu’une nouvelle loi soit adoptée sans délai. Les parlementaires arguent du fait « …qu’il convient de donner aux malades en fin de vie la libre disposition de leur corps et, c’est essentiel, de leur destin… ». En considérant comme liberté fondamentale la libre disposition de son corps, ils mettent à nouveau en exergue la question du recours légal à l’aide médicale active à la mort. Mais la réflexion éthique, surtout en matière de fin de vie, se fait à pas comptés. N’oublions pas que dans les années 1990, lors du premier débat sur les lois de bioéthique, l’exécutif n’avait pas voulu retenir la fin de vie[1].
Même si la sédation profonde et continue ne relève pas d’une forme active d’euthanasie, elle demeure malgré tout d’une forme douce et humaine d’assistance à la mort. Ira-t-on plus loin ?
[1] Pour mémoire, jusqu’en 1790, l’Ancien Droit réprimait le suicide et prévoyait la saisie des biens du suicidé et la privation de sépulture chrétienne.
Pr Bernard Bioulac
Directeur adjoint de l’ERENA – Directeur du site de Bordeaux -
Professeur émérite à l’Université de Bordeaux, Membre de l’Académie Nationale de Médecine
Retrouvez ci-contre la Lettre d'information de l'ERENA Bordeaux de Janvier 2021.