Colloque « Intimité dévoilée : jusqu’où peut aller le soin ? » - 28 novembre 2028
Ce colloque est proposé par l’Espace de Réflexion Ethique de Nouvelle-Aquitaine – ERENA site Aquitain, en collaboration avec l’IMS Académie CHU de Bordeaux.
ARGUMENTAIRE
Que sommes-nous prêts à accepter au nom du soin, dans le soin ? La Charte de la personne hospitalisée (chap.8) précise que « Le respect de l’intimité de la personne doit être préservé lors des soins, (…) à tout moment de son séjour hospitalier. La personne hospitalisée est traitée avec égards. » Qu’est-ce que l’intimité dans le cadre des soins, où le corps est ausculté, palpé, investigué, scruté ? Qu’est-ce que provoque le dévoilement de cette intimité, atteignant une pudeur qui peut alors se teinter de honte ? Comment peut-elle être préservée ?
« Il ne peut être porté atteinte à l'intégrité du corps humain qu'en cas de nécessité médicale pour la personne ou à titre exceptionnel dans l'intérêt thérapeutique d'autrui. Le consentement de l'intéressé doit être recueilli »([1]). Car en effet « aucune technique (médicale) ne peut s'exonérer d'une intrusion dans l'intime : le clinicien dénude et touche, le médecin est invasif (il « inter-vient »). Tout soin comporte une certaine totalisation, une entrée dans l'ensemble de la vie du patient » ([2]) Dans le cadre de « l’exception médicale », qu’est-ce que le patient, la personne accompagnée sont prêts à accepter pour des soins, dans l’intimité d’une chambre où vont et viennent soignants, professionnels de l’établissement, proches… ? Comment ne pas banaliser ces interventions et comment les accompagner dans le respect de la dignité de la personne ?
La charte des droits et des libertés de la personne accueillie (art. 12) rappelle le droit à la préservation de cette intimité. Qu’en est-il de ce droit dans une vie en collectivité comme celle d’un établissement médico-social ? Fabienne Brugère dit des pratiques de care qu’elles « ne sont pas des pratiques comme les autres, car elles s’incarnent dans des relations qui ne se limitent pas au soin du corps. Ces relations, qui touchent parfois à l’intimité des sujets soignés, comprennent de l’imaginaire, de l’affectif, du vécu, du non-dit qui peut être interprété, etc. » ([3]). Le soin, est-ce, comme le souligne aussi Fabienne Brugère, « pénétrer dans (la) vie intime (d’une personne) sans pourtant faire intrusion » ?
APPEL A COMMUNICATION
Nous souhaitons enrichir cette réflexion sur l’intimité dans le soin et l’accompagnement par des interventions de professionnels d’établissements sanitaires, médico-sociaux et sociaux en Aquitaine qui ont pu travailler sur ce thème :
- dans le cadre d’une saisine de leur comité d’éthique ou d’une instance comme une Commission des Usagers ou un Conseil de Vie Social,
- lors d’un travail réflexif et pluridisciplinaire, intégrant ou non des usagers.
Nous sélectionnerons 3 à 4 communications, pour une intervention de 15 à 20 mn suivie d’un échange avec la salle.
[1] Loi du 29 juillet 1994 relative au respect du corps humain
[2] CF récits cliniques, conflits de valeur, PUF, p173
[3] Cahiers philosophiques N°136, 2014 « Qu’est-ce que prendre soin aujourd’hui ? »